1. Qu’est qu’une voiture autonome de niveau 3 ?
5 niveaux (si l’on excepte le niveau 0 impliquant que le conducteur garde l’entier contrôle) permettent, à l’heure actuelle, de classer les voitures en France en fonction de leur autonomie : de l’autonomie partielle à l’autonomie totale, celles-ci ont alors le droit – ou non – de circuler sur nos routes.
Si le niveau 1 permet à la voiture de gérer, à la place de l’automobiliste, certaines fonctions n’impliquant pas la direction (on pense par exemple aux véhicules équipés d’un régulateur de vitesse), on passe nettement la vitesse supérieure dès le niveau 2 : le système peut alors prendre en charge maintien dans la voie, accélération et freinage… le conducteur devant toutefois rester attentif et maintenir ses 2 mains sur le volant. Jusqu’à présent, il était le seul autorisé en France et dans toute l’Europe.
Le niveau 3 – celui qui nous intéresse aujourd’hui – autorise l’automobiliste à faire autre chose, en disposant même de ses mains… mais en pouvant reprendre rapidement le contrôle au besoin. On parle alors de « véhicule semi-autonome ».
Les niveaux 4 et 5 impliquent quant à eux une autonomie complète du système de pilotage, le premier avec volant, le second sans volant ni pédales !
2. Une nouvelle réglementation attendue…
Si la conduite autonome de niveau 3 est officiellement autorisée au sein des pays de l’Union européenne depuis le 14 juillet 2022, le texte prévoit alors la nécessité pour chaque pays de légiférer pour donner, à cette réglementation, le cadre nécessaire sur ses routes nationales.
En France, c’est désormais chose faite, la conduite autonome de niveau 3 étant actée depuis le 1er septembre dernier (2022). Un décret adopté en juillet 2021 avait d’ailleurs été déjà voté pour préparer l’arrivée de cette mesure dans notre pays.
3. Ce qui change dans les faits…
Jusqu’à présent, seuls les véhicules autonomes de niveau 2 étaient autorisés sur les routes françaises : les conducteurs devaient ainsi rester attentifs en toutes circonstances, ayant en outre l’obligation de maintenir leurs 2 mains sur le volant. La nouvelle réglementation autorise désormais l’utilisateur à lâcher le volant et à détourner le regard de la route dès lors que son véhicule dispose d’un système de pilotage autonome de niveau 3… et évidemment que ce dernier est activé. C’est alors la voiture qui gère la plupart des impératifs liés à la conduite, le conducteur devant toutefois rester vigilant afin de pouvoir reprendre les commandes du véhicule en quelques secondes au besoin. Des capteurs sur le tableau de bord permettent de le prévenir le cas échéant. On arrête de rêver, donc : les siestes pendant que la voiture roule, ce n’est pas encore au programme.
4. Le cadre imposé par le législateur
Exit les siestes, disions-nous… exit aussi l’idée que tout est désormais permis ! Le législateur encadre en effet strictement l’utilisation du système. Un pilotage automatique, oui. Mais pas n’importe où ni n’importe comment !
Première condition : cette conduite déléguée n’est actuellement autorisée que lorsque la vitesse de circulation est inférieure à 60 km/h. Facile, direz-vous ! Il y a toutes les agglomérations pour cela. Et bien non ! Car le texte stipule également que les voies doivent être dotées d’un terre-plein central et être interdites aux cyclistes et aux piétons. Cela réduit considérablement les situations dans lesquelles le système de niveau 3 peut être activé ! Restent les ralentissements et autres embouteillages sur autoroutes et voies rapides. Idéal en tout cas pour le périphérique parisien !
Notez toutefois que le Conseil économique et social des Nations Unies a d’ores et déjà adopté une nouvelle réglementation permettant d’activer le niveau 3 jusqu’à une vitesse de 130 km/h. La France a ratifié le texte, qui entrera en vigueur en janvier 2023.
5. Aucune voiture homologuée pour la France !
Si la nouvelle législation semble ouvrir une nouvelle autoroute (commerciale !) aux constructeurs de voitures, force est néanmoins de constater que, pour le moment, aucun véhicule de niveau 3 n’est homologué en France ! Mercedes tire quelque peu son épingle du jeu, mais cela se passe chez nos voisins allemands : deux de ses modèles, la Classe S et l’EQS, ont ainsi obtenu le Saint Graal leur permettant d’emprunter environ 13 000 km de routes lorsqu’est activé leur système de conduite autonome de niveau 3. Deux Berlines de luxe, tout de même, dont le prix ne permettra pas au tout-à-chacun de s’offrir le confort d’un relâchement de l’attention au volant…
Il va sans dire que différents autres constructeurs se penchent plus qu’activement sur la question, parmi lesquels notamment BMW, Hyundai, Audi, Peugeot et Ford. Ces prochaines années devraient voir arriver, sur le marché, certains de leurs véhicules équipés de cette technologie.
6. En cas d’accident, qui est responsable ?
Avec l’arrivée de véhicules autonomes de niveau 3 sur nos routes – et même si dans les faits celle-ci reste toute théorique – se pose inévitablement la question de savoir qui, en cas d’accident, sera responsable ! Le Code de la route a d’ores et déjà été modifié pour y répondre !
La fonction de pilotage sans les mains était activée au moment de l’accident ? C’est le constructeur qui sera tenu pour responsable. Si le conducteur avait en revanche repris le contrôle du véhicule (ou n’avait pas répondu aux injonctions du système de reprendre la main), la responsabilité de l’automobiliste sera engagée.
Prochaine étape ? La conduite autonome de niveau 4 ! Un volant restera présent pour gérer les situations dans lesquelles la conduite déléguée ne sera pas possible, mais la circulation (hors conditions météo très défavorables notamment) se fera sinon toute seule… Nous y arrivons, lentement mais très sûrement, avant d’envisager même, sur la route, de croiser des véhicules sans conducteur. Un avenir à la fois enthousiasmant et source de nouveaux freins psychologiques !
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Article rédigé par mediascript